Comment s’adresser aux enfants d’aujourd’hui dans le tumulte d’un monde en crise et traversé par de multiples conflits ? Y a-t-il place pour une éducation à la solidarité basée sur la justice et le partage ?
Ceux qui se réclament d’un certain réalisme économique diront que l’essentiel est d’apprendre aux jeunes à se battre et à devenir des gagnants. Mais gagnants pour qui ? Gagnants pour quoi ? Les mouvements et services qui composent notre collectif Kilomètres de Soleil ont bien conscience de la complexité du monde actuel, mais ils ont la conviction qu’il nous faut inventer une nouvelle pratique des rapports humains.
Eduquer à la paix, c’est d’abord faire un retour sur soi. C’est apprendre que, pour changer le monde, il faut commencer par se changer soi-même. C’est s’ouvrir à cette « altérité irréductible » dont parlait le philosophe Emmanuel Levinas. Mettre en valeur les fondamentaux du respect, de la dignité, de la solidarité est au cœur de chacune de nos campagnes. Celle de 2012-2013 traite d’une thématique déjà abordée par des associations d’éducation à la paix. Cependant, l’enjeu est tel que nous souhaitons apporter notre pierre à cet édifice si fragile qu’est la construction d’une culture de la non-violence et de la paix.
Les outils pédagogiques mis à la disposition des éducateurs (l’affiche, le guide de l’animateur, le jeu) leur permettront d’aider les enfants à faire le point sur leurs représentations de la violence et à être attentifs à ce qui est source de conflit.
Nos 7-11 ans seront invités à trouver des solutions devant des faits de violence vécus ou observés : violence des mots, des gestes, mais aussi violences institutionnelles générées par la pauvreté, le racisme, l’exclusion…
La rencontre de témoins engagés dans un processus de réconciliation en France, en République démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire, au Rwanda, au Cambodge, sera le signe qu’un autre monde est possible. Il est fait de petits pas qui, jour après jour, tracent un chemin de paix.
À notre tour de l’emprunter, en sachant reconnaître nos défaillances, nos fragilités, mais en gardant intact l’enthousiasme des commencements.
« Tout ce qui commence a une vertu qui ne se retrouve jamais plus. Or, la petite espérance est celle qui toujours recommence », disait Charles Péguy. Avec les enfants, osons faire naître cette petite espérance pour changer les couleurs du monde !
Marie-Noëlle Correau
Coordinatrice nationale de la Campagne des Kilomètres de Soleil